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COLLOQUE 2006

Université Concordia
Pavillon Henry F. Hall, 7e étage
1455, boulevard de Maisonneuve Ouest, Montréal
Plan des lieux

Sophie Beaulé
Saint Mary’s University

Appels à soi et à l'autre en terre étrangère

On sait que la SF favorise l'expression d'angoisses et de pulsions rattachées au monde contemporain, tant sur le plan individuel que collectif. Comme les autres formes littéraires mais sans doute de façon peut-être plus aiguisée, elle relaie, redit le monde. C’est ainsi que la SF arpente certains des motifs sur lesquels les créateurs et chercheurs se penchent actuellement, dans le sillage du postcolonialisme et du métissage.

Comment s’expriment l’itinérance, l’exil et le contact inévitable avec l’Autre et soi dans la production québécoise de science-fiction? Nous avons choisi des œuvres surtout récentes, présentant l’itinérance sous des angles différents. La communauté décrite dans La suite du temps (2004-2005) de Daniel Sernine a accédé à sa maturité sans heurts, désormais toute entière vouée à la survie de la Terre dont elle est originaire. La violence rattachée aux affres du déracinement et du contact avec l’altérité identitaire et spatiale domine chez Sylvie Bérard, qui explore avec Terre des Autres (2005) le choc entre deux races incompatibles. La violence se fait douce-amère face au mystère que constitue l’altérité radicale de la planète étrangère... tout comme celle de l’envahisseur, dans Tyranaël (1996-1997) d’Elisabeth Vonarburg. La migrance et l’altérité se mouleront dans un cadre uchronique aux couleurs couleurs subtiles dans la saga en cours Reine de Mémoire (2005) de la même écrivaine.

Bref, de nombreuses œuvres déclinent les différentes facettes du mystère des altérités identitaire et spatiale, retracent les nuances des conditions migrante et minoritaire. Les réflexions de chercheurs comme François Paré (La distance habitée, 2003), Paul Ricœur, Régine Robin et Jocelyn Létourneau, entre autres, nous serviront de fil conducteur. Où vais-je, où vis-je vraiment? Qui deviendrai-je? Une histoire désaliénée – ou son désir – découlera-t-elle du grand appel à la sublimation lancé à l’identité personnelle et collective?


Valérie Cools, étudiante 2e cycle
Département d’études françaises
Université Concordia

La lecture de mangas: un processus de vitesse et de libération

Depuis l’apparition des mangas dans les librairies québécoises pendant les années 1990, la présence de ces derniers n’a cessé de progresser. Si, depuis quelques années, un nombre croissant de mangas traitent du quotidien ou se déroulent dans un contexte réaliste, la majeure partie continue de relever du fantastique ou de la science-fiction. Je me propose d’effectuer une analyse du processus de lecture de ces ouvrages, en fondant mes observations sur des séries de science-fiction telles que Trigun, Gunnm et Akira.

Malgré l’apparente facilité avec laquelle le public francophone s’est approprié ces ouvrages venus d’ailleurs, il n’empêche que les mangas se différencient de la bande dessinée «classique» par de nombreux facteurs. On pense de prime abord aux différences esthétiques, narratives et thématiques, sur lesquelles on pourrait déjà longuement s’étendre. Mais, comme le théoricien Scott McCloud l’a remarqué, les mangas se distinguent à un niveau plus fondamental, à savoir sur le plan des transitions entre les vignettes. Quelles sont les particularités de ces transitions et quelles sont leurs conséquences au niveau de la réception par le lecteur? Telles sont les premières questions qui seront explorées. Les conséquences, on le verra, se situent principalement au niveau du rythme de lecture, qui s’en trouve accéléré et représente par conséquent un attrait pour une génération qui recherche la stimulation par l’excès.

En deuxième lieu, je m’attarderai sur la mise en page et le sens de lecture, deux autres éléments déterminants dans la réception des mangas. Le sens de lecture japonais (de droite à gauche) est en effet aujourd’hui conservé pour la majorité des mangas traduits en français, et la plupart de ces derniers se caractérisent par une mise en page éclatée. Ces éléments, qui ne déroutent pas le lecteur autant qu’on pourrait le penser, semblent au contraire contribuer à engendrer un mode de lecture qui est propre aux mangas et à travers lequel le lecteur se sent à la fois libre et stimulé.


Arnaud Huftier
Université de Valenciennes

De le Belgique au Québec, d’une vision l’autre: Jean Ray (Malpertuis) et Michel Tremblay (La Cité dans l’œuf)

Lorsque dans son roman Malpertuis (1943) l’auteur belge Jean Ray insère les divinités de l’Olympe dans des baudruches humaines et dans la société contemporaine, il leur fait adopter les critères de la petite-bourgeoisie, où mesquinerie et vénalité l’emportent. Dès lors, si les divinités laissent uniquement «parler» leurs corps, s’adonnant aux plaisirs de la chair, les sens l’emportent et l’essence est en sommeil.

Vingt-six ans plus tard, le roman de Michel Tremblay, La Cité dans l’œuf, s’ouvrait par une épigraphe tirée du récit de Jean Ray ainsi que des épigraphes déjà utilisées par Jean Ray (dont notamment celle de Voltaire: «De la croyance des hommes sont nés les dieux»). De même, les plans des deux ouvrages s’avéraient presque similaires. Pourtant, La Cité dans l’œuf se contente apparemment de ces similitudes de surface, le texte renvoyant essentiellement à la «mythologie» créée par H.P. Lovecraft, faisant la part belle à la tératologie avec la découverte d’un panthéon aux noms auparavant inconnus.

Comment expliquer alors le système de reprise, qui s’arrête, pour les exégètes, à un simple hommage? Il nous semble au contraire que Michel Tremblay a parfaitement lu le roman de Jean Ray, et l’a lu selon une perspective belge: si le mythe de la société, qui phagocyte tout, s’impose, c’est non seulement l’image stérilisante de la petite-bourgeoisie qui est proposée, mais c’est aussi l’image de la Belgique, qui n’a plus de place dans l’Histoire. En cette perspective, les divinités de l’Olympe, restées en attente sur une île de la mer phrygienne, sont contaminées par l’esprit contemporain qui n’attend plus rien, si ce n’est la reproduction infinie d’un système autorégulé. Ainsi, s’il reprend par les épigraphes les phases-clé du récit, il retourne l’argument, pour le ré-écrire selon une perspective québécoise. Il propose en effet des êtres en attente, qui partent du réel québécois pour s’inventer de nouveaux dieux, pour se comprendre à travers eux, et jauger l’avenir. S’il refuse de la sorte la mythologie préexistante, s’il refuse de s’enferrer sur le mythe de la société avec la fuite dans l’imaginaire, le roman peut parfaitement se lire à la lumière de la révolution tranquille au Québec.

On se propose donc ici de relire ses deux récits, non seulement en vis-à-vis,mais aussi par rapport à leurs zones d’inscription, et ce que représentent leurs utilisations du mythe lorsqu’il renvoie à des effets de fantastique.

Et ce faisant, on pourra voir comment le fantastique et la science-fiction au Québec souffrent, en regard de la même expression littéraire en Belgique, d’un déficit d’image qui tient à l’absence d’une imagerie active au niveau des littératures de l’imaginaire.


Clotilde Landais, doctorante
Université Paris III-Sorbonne Nouvelle

Aliss de P. Senécal: la métalepse comme instrument du fantastique

Le fantastique vise à générer différents degrés de peur chez son lecteur. Pour ce faire, l’intrusion brutale d’un phénomène surnaturel dans une représentation réaliste de l’univers contemporain de l’auteur et de son lecteur suffit généralement. Dans le cas contraire, les descriptions terrifiantes peuvent être intensifiées pour susciter l’horreur, comme c’est le cas en fantastique obvie. Toutefois, les auteurs du genre peuvent également recourir à la narration même pour déstabiliser le lecteur et l’effrayer. Un procédé narratif en particulier, associé par Gérard Genette au fantastique, a pour caractéristique de créer chez le lecteur «une espèce de désarroi, une espèce d’angoisse ou de vertige [1]». Il s’agit de la métalepse ontologique, prise dans sa définition genettienne.

Dans son ouvrage Métalepse. De la figure à la fiction, Genette redéfinit cette figure rhétorique en lui attribuant une dimension narratologique, désignant ainsi «toute intrusion du narrateur ou du narrataire extradiégétique dans l’univers diégétique (ou de personnages diégétiques dans un univers métadiégétique, etc.) ou inversement…[2]». Si le procédé n’a été défini que récemment par les chercheurs, le fantastique l’a mis en œuvre dès ses origines, comme le montrent les analyses de Dorrit Cohn et de Roland Heine à propos du conte d’E.T.A. Hoffmann, Der goldene Topf, paru en 1815. Aujourd’hui, des auteurs comme Julio Cortázar – dans Continuidad de los Parques par exemple –, Stephen King ou Patrick Senécal continuent d’exploiter les nombreuses voies de réflexion métafictionnelle offertes par l’utilisation de la métalepse ontologique.

Dans le cadre de cette conférence, nous nous intéresserons à l’emploi de la métalepse narrative par le romancier québécois Patrick Senécal dans son conte intitulé Aliss. Nous constaterons dans un premier temps qu’Aliss regroupe trois niveaux diégétiques, ce qui nous amènera dans un deuxième temps à questionner le premier signe de perméabilité narrative dans ce roman, à savoir la question de l’intertextualité. Enfin, dans un troisième temps, nous nous pencherons sur la construction proprement métaleptique du roman, autorisée par les trois niveaux de récit. Nous verrons que c’est le passage d’un personnage diégétique à un univers métadiégétique par le biais de l’intertextualité qui engendre dans ce roman le sentiment d’inquiétante étrangeté à la source du fantastique.

[1] Cohn, Dorrit, Métalepse et mise en abyme. Vox Poetica.

[2] Genette, Gérard, Métalepse. De la figure à la fiction, in Cohn, Dorrit, Métalepse et mise en abyme. Vox Poetica.


Juan Ignacio Munoz
Littérature Comparée
Université de Montréal

Le futur du vernaculaire et le présent de la conscience planétaire

Parmi les débats que la mondialisation a suscités on trouve celui qui lie la persistance de l’idée de nation, supportée par l’émergence des régionalismes et localismes, et celui d’une conscience transnationale et l’effacement de frontières. Avec ce cadre mobile et complexe, il faut se poser la question de comment un genre extensif comme celui de la science-fiction, porteur d’une vision universelle et internationale – anglo-saxonne, la plupart du temps – peut se définir en tant qu’appartenant à une littérature nationale.

On peut évidemment tracer une histoire littéraire à partir d’une pléiade d’auteurs nés ou émigrés dans un territoire défini, avec une langue commune, qui mettent en pratique une série de conventions du genre et qui se regroupent en cercles et en publications visant à une institutionnalisation. Cependant, quand on se réfère à une thématique exclusivement nationale, dans ce cas-ci, celle d’une science-fiction écrite au Québec avec pour objectif une projection dans le futur de l’identité nationale, on voit que le grand corpus existant se réduit considérablement, et que d’autres genres comme le fantastique et l’utopie, plus propices à véhiculer les intérêts du territoire, entrent en concurrence.

Premièrement, il s’agira d’analyser les valeurs universalistes qu’implique la science-fiction et ses liens avec l’américanisation, la mondialisation culturelle et le marché éditorial. Quelles idées du genre humain sont présentes? Peut-on parler d’une conscience planétaire dans la science-fiction? Cette réflexion sera appliquée dans l’exploration de la science-fiction écrite au Québec avec ses enjeux politiques et culturels, sa construction d’un vernaculaire nouveau ou identique, utopique ou dystopique (nouvelle irruption et contamination du genre de l’utopie?), à travers des textes comme «KébékéleKtriK», «Sur l’autoroute du Nouveau- Québec», Le Nord électrique de Jean-Pierre April, Chronoreg de Daniel Sernine, les contes d’Esther Rochon, Les voyageurs malgré eux d’Élisabeth Vonarburg.

Avec cet itinéraire, j’espère contribuer aux problématiques initiales du colloque, surtout en ce qui concerne les possibilités de réception de la science-fiction au Québec avant de passer aux secteurs institutionnel, médiatique et éditorial.


Geneviève Pigeon, doctorante
Sciences des religions
Université du Québec à Montréal

Frontières et territoires de la littérature imaginaire au Québec.

Les littératures de l’imaginaire forment, malgré plusieurs disparités, un ensemble relativement défini. Leur unicité tient entre autres au fait qu’elles osent être atemporelles, agéographiques et libres de référents culturels. En apparence du moins. En effet, l’imaginaire qui y est déployé ne peut exister qu’en réaction à une réalité acceptée et connue d’emblée des lecteurs. Cette relativité culturelle définit l’univers des possibles exploité et exploitable par le genre en question. C’est en nous intéressant à ces zones de passage et à ces portes ouvertes sur le possible que nous nous proposons d’amorcer cette réflexion. Que peuvent nous apprendre ces œuvres sur la société qui les a vues naître? Ces frontières dressées contre le réel remplissent-elles une fonction sociale qui trouverait son équivalent dans la réalité québécoise?


Amy J. Ransom

La Réception de L’Oiseau de Feu de Jacques Brossard: Un Monument aux marges de la science-fiction québécoise

L’œuvre monumentale en cinq volumes de Jacques Brossard, L’Oiseau de Feu (1989-1987), a connu une première réception élogieuse, surtout par la critique. Bien qu’elle soit, selon Jean-Louis Trudel, “un des dix incontournables” de la science-fiction canadienne française, elle reste plutôt aux marges pour le lectorat général de littérature de genre au Québec et au Canada français et depuis sa sortie, même pour la critique universitaire.

Jacques Brossard (1933- ), diplomate et professeur, reste peut-être plus connu aujourd’hui pour ses écrits politico-juridiques, tel L’Accession à la souverainté et le cas du Québec (1976, 1995). Il a oeuvré aussi dans les genres littéraires de la science-fiction et du fantastique; il a publié un recueil de nouvelles Le Métamorfaux (1974, 1988) et un roman plutôt fantastique, Le Sang du souvenir (1976). Écrit entre 1975 et 1985, mais publié entre 1989 et 1997, c’est sa trilogie (publié dans cinq volumes—1, 2A, 2B, 2C, 3) L’Oiseau de feu qui a reçu la plus d’attention de la part de la critique littéraire. Trois des cinq volumes ont gagné ou ont été nominé pour des prix science-fiction; des compte rendu de la plupart des volumes ont paru dans des périodiques d’intérêt aussi générale que Le Soleil et La Presse aussi bien que dans des revues spécialisées telles imagine… et Solaris. Depuis lors, cette série reste presque complètement oubliée par les lecteurs aussi bien que par la critique; il paraît régulièrement sur des listes et dans des histoires de la science-fiction québécoise et canadienne-française, mais, mise-à-part une historique de sa génèse et de sa publication par son éditeur Pierre Filion (1999), presque aucune étude sérieuse n’a parue à propos de ce monument de la SFQ depuis sa parution (et peut-être même depuis la parution des premiers tomes).

Après une description de ce roman compliqué, cette communication vise à revisiter la réception critique initiale et à esquisser une explication du fait que cette oeuvre reste méconnue et presque plus du tout lue aujourd’hui; enfin, cette étude fera une réévaluation de la pentalogie de Brossard et en donnera un jugement sur la valeur pour la lectrice et le lecteur actuels.


Nicholas Serruys, doctorant
Université de Toronto

Vers une école québécoise de la critique en SF

Selon Roger Bozzetto (2002), une école québécoise de la science-fiction n’existe pas actuellement, et ce malgré le développement d’un riche corpus littéraire et d’une légitimation théorique en croissance importante, dont la genèse, quoique éparpillée, remonte à plus d’un siècle. Or, de toute évidence, la science-fiction québécoise (SFQ) n’est pas sans institution, autant sur le plan de la création que sur celui de la critique. Nous sommes ainsi appelés à nous demander si la constatation de Bozzetto est légitime [1]. Nous nous interrogerons d’abord sur la notion même d’«école», et, ensuite, nous transposerons cette notion aux traditions critiques englobant la SFQ, entre autres genres dites nationales.

En principe, une école, artistique ou théorique, est représentée par un groupe visant la promotion d’une pratique ou d’une doctrine particulières dans le contexte d’une discipline établie. Elle se distingue de ses prédécesseurs par une rupture d’avec la technique ou la pensée antérieures. Ce changement paradigmatique bouleverse la tradition et crée une tendance alternative, voire une nouvelle école. À partir de ces critères et visant notre objet d’étude, trois questions nous viennent d’emblée à l’esprit : 1) Dans quelle mesure la critique québécoise qui s’occupe de la SF se distingue-t-elle du domaine tel qu’il se définit dans le contexte global?; 2) De quelle façon s’y insère-t-elle?; et 3) Selon ces critères, la SFQ possède-t-elle assez de qualités propres à elle pour se désigner comme école? Autrement posé, quels sont ses apports originaux ?

[1] Il faut d’abord faire une petite mise en garde en regard de la constatation de Bozzetto, dont les critères pour déterminer une école n’ont pas été explicitement délimitées et dont le refus de la désignation d’ «école» s’applique à la critique et à la théorie, et non pas forcément à la littérature. Il ne s’agit donc pas de contester la constatation, mais plutôt de partir de cette idée de parties non constitutives pour faire le bilan de l’institution québécoise en tant que tradition théorique portant sur la SF, qu’elle s’inspire ou non du corpus québécois.


Allan Weiss

The Reception of the Surreal in English- and French-Canadian Literature

Since the days of Refus global, the surrealist movement in Québec, francophone literature in Canada has to a large extent accommodated the surreal, accepting certain features of surrealist technique as a recognized part of French Canada's literary heritage. Indeed, many of Québec's best-known authors, those whose works have become part of the province's literary canon, have gained their fame largely on the basis of novels, short stories, and plays that incorporate elements of the bizarre and irrational, for example, Michel Tremblay and Roch Carrier. A prominent subgenre of francophone SF is le fantastique, a form that can be considered a branch of surrealism. By contrast, surrealism in English Canada has always been marginalized, and the surrealist movement based on the west coast remains a little-known part of English Canada's literary history.

What was it about surrealism in English and French Canada that led to very different critical and popular receptions? Both literary traditions began with works of social realism--historical and social realist works on one side, like those of William Kirby, John Richardson, and Frederick Philip Grove, and the roman de la terre on the other--yet diverged markedly after the Second World War primarily due to francophone interest in exploring new ideas about literary form and content.

A brief survey of the history of surrealism in both communities may explain some of the different ways the mode was accepted by critics and readers alike. Political and cultural differences in English and French Canada produced distinct attitudes toward formal experimentation and the irrational. On the other hand, genre fiction--science fiction and fantasy as these genres are understood by fans and scholars alike--continued to be similarly marginalized in both linguistic communities. A look at surrealism might well illuminate the place of the fantastic of various kinds in English and French Canada, revealing why some kinds of fantastic literature achieved greater acceptance than others.